Nothing can stop us now

Le trajet avait été bien plus reposant que prévu. Aizawa s’était enveloppé dans son duvet dès qu’ils s’étaient installés à l’arrière de la charrette, et il avait dormi tout du long, jusqu’à sentir leur véhicule ralentir. Il émergea presque douloureusement et remercia en grognant les conducteurs de la charrette avant de suivre Jude, une fois son matériel rangé. Il aurait bien dormi davantage – il était épuisé.

Il se contenta d’acquiescer aux paroles de Jude, jusqu’à ce qu’ils soient devant la porte d’entrée. Aizawa soupira longuement. « Je m’en occupe » marmonna-t-il entre ses lèvres tout en poussant la porte d’entrée.

Le bois grinça de manière sinistre, ce qui tranchait avec les lieux plutôt colorés et gais. Mais vides. Nul doute que ce lieu avait abrité le bonheur d’une famille il y a peu. Une cloche accrochée au bâtant de la porte tinta bruyamment, faisant grimacer Aizawa. Quelques secondes plus tard, un homme âgé aux cheveux éclairci se faufila par une porte derrière ce qui semblait être un comptoir.

« - Je peux vous aider ? demanda l’homme d’une voix éteinte.
– A vrai dire, oui. Je suis là pour votre fille.
– Vraiment ? Vous arivez un peu tard vous savez. Cela fait des jours qu’elle a disparu, personne ne la retrouvera maintenant. »

Aizawa tiqua. Il le trouvait bien défaitiste pour un père inquiet. Ne devait-il pas se réjouir de les savoir sur les traces de sa fille disparue ? Il fronça les sourcils et s’approcha du vieil homme, ne laissant entre eux que le comptoir en bois.

« C’est étrange, mais j’ai presque l’impression que vous ne voulez pas qu’on se mette à la recherche de votre fille, finalement… »

Aizawa était très doué pour jouer le méchant lors des interrogatoires. Après tout, il avait le physique de l’emploi avec ses yeux rouges et effilés et ses longs cheveux noirs qui retombaient sur son visage pêle-mêle. Le monsieur recula d'un pas, trébuchant, le visage fermé.

  Nothing can stop us now

Aizawa était satisfait de savoir qu’il produisait toujours à peu près le même effet. Il regarda durement le monsieur, l’air peu affable, critique, et Jude sembla comprendre d’instinct comment agir à son tour. Aizawa se contenta d’un grognement à la remarque de son compagnon, acquiesçant de mauvaise grâce – en apparence – de radoucir un peu son ton. Après tout, ils voulaient surtout ne manquer aucune information.

« - Oui, oui exactement ! Enfin, vous comprenez, avec le temps… Si vous étiez venu plus tôt, il y aurait eu plus de chance qu’elle… Enfin…
– Je vois. Savez-vous qui étaient-ce ? Les aviez-vous déjà vus ? demanda Aizawa, son regard se faisant plus dur.
– Non. Celui qui est venu avait l’air de… D’un client normal ! Il n’avait rien de spécial, ci ce n’est la peau basanée et des cheveux rouges tressés. Il m’a juste donné le collier de ma fille. Si je n’ai pas réuni une certaine quantité de bien avant la prochaine lune… Je ne reverrai plus ma fille. »

Aizawa se retint de grimacer. Cela faisait assez peu, très maigre – comme informations de départ pour débuter une recherche. D’autant que la description physique était floue, succincte, et ne lui avait rien indiqué de spécial à lui. Il grogna e nouveau, frustré.

« A quelle heure votre fille a-t-elle disparu ? Et a quel heure cet homme est venu marchander avec vous ? demanda-t-il après avoir laissé quelques secondes au monsieur.
– Hélléa est partie à l’aube pour aller chercher des plantes au marché pour sa savonnerie, et elle devait rentrer avant le déjeuner. L’homme est arrivé en début d’après-midi. »

Aizawa hocha la tête. Bien, au moins, cela leur donnait une indication de distance maximale – pour peu que les kidnappeurs n’aient pas changé de planque.

« Il a dit que, quand j’aurais ce qu’il voulait, je n’aurais qu’à le déposer dans un établissement au nom de ‘Poignard’, celui à la sortie de la ville. »

Oh ? Cela voulait surement dire que quelqu’un surveillait cet endroit, n’est-ce pas ?

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