Le seul bruit émis par la chute de Rin fut quand son corps rentra en collision avec le sol. Deux secondes plus tôt elle marchait paisiblement tout en planifiant quelques assassinats, jusque-là rien de bien inhabituel, quand une pierre s’était mise en travers de son chemin, lui avait sauté dessus, et l’avait faite trébucher. Une chose en amenant une autre, Rin se retrouvait tête la première dans une mare d’eau stagnante qui dégageait une odeur nauséabonde.
Elle ne s’était pas dépêchée de se dégager, son cerveau fonctionnant au ralenti et sa motivation de bouger au plus bas. Quand elle avait senti la mort lui tendre les bras elle s’était enfin retournée dans la mare et avait ramené ses bras sur sa poitrine, ne souhaitant pas rouiller le métal de ses prothèses. Elle était dans une position idéale pour être enterrée, toujours prévoyante, la gueuse.
L’odeur répugnante qui flottait dans l’air manquait d’étouffer Rin qui venait à peine de sortir la tête hors de l’eau. Elle prit la décision courageuse d’attendre et de voir ce qui se passait. Pourquoi pas en profiter pour faire une petite sieste, par la même occasion ?
C'était la première fois que Kio allait aussi loin, et franchement, peut-être qu'il n'aurait pas dû. Ça puait la mort ici, littéralement. Allons nous dire que ça ne faisait pas très vacance. Il aurait pu faire demi-tour, mais c'était pas une chochotte, ça balade, il allait la faire, que ça sente le cadavre ou non. Et puis, le ciel semblait un peu plus clair ici, peut-être même qu'il pourrait apercevoir le soleil à travers la brume, depuis le temps qu'il aimerait la voire cette boule jaune.
Autant l'endroit était lugubre, autant Kio n'était pas sûr que les gens qui tombent du ciel soient monnaie courante. Voilà quelque chose qui pourrait le divertir pendant que son serpent faisait une petite sieste bien au chaud dans sa poche.
Une fois à proximité de... de... ce qui semblait être une fille, il ne put s'empêcher de remarquer que l'odeur qu'elle dégageait (mis à part l'odeur de corps en décomposition) lui était inconnue. Une étrangère peut-être ? Encore mieux, il n'en avait jamais rencontré auparavant. Restait à savoir si elle était encore en vie. Il ramassa quelques cailloux avant de les lui jeter au visage un par un.
«Vous êtes morte ?» dit-il en essayant de projeter sa voix pour qu'elle puisse l'entendre.
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Rin
Lun 8 Avr - 22:33
Rendez-vous en enfer
Se faire arracher le bras par son paternel avait eu le don de permettre à Rin de relativiser dans la vie. Oui, elle recevait des pierres dans le visage, et alors ? C’est quoi dans une vie de se recevoir quelques pierres à la gueule ? Rien.
Rin décida que la meilleure technique pour répliquer était de ne rien faire. Enfin, pas exactement. Il fallait embrasser son opossum intérieur et faire la thanatose. En d’autres mots, elle restait immobile tel une personne ayant déjà passé l’arme à gauche. Répondre à la voix qui lui avait parlé demanderait bien plus d’énergie que de laisser passer le temps et espérer que la personne prenne la fuite. Qui resterait dans cette odeur nauséabonde volontairement ?
…Rin. Vous avez raison.
La blonde aurait préféré tomber dans du sable mouvant. Elle aurait peut-être eu l’énergie de se débattre un peu plus que ce qu’elle faisait actuellement. Elle ne savait pas où elle était mais vu l’odeur peut être qu’il faudrait à un moment qu’elle trouve quelque chose pour lui couper l’odorat. Sérieusement, les morts ne savaient pas aller mourir ailleurs ? Dans des flammes, par exemple. Ça pue pas, les cendres. C’est bon pour les plantes, tout ça. Il faudrait qu’elle mette des prospectus quelque part pour aider ces âmes perdues.
Le ventre de Rin fit un grognement qu’elle ne pu retenir. Elle lui aurait jeté un regard trahi si elle n’était pas en train de faire la morte. Son seul espoir était que la personne qui lui parlait pense que c’était un gaz lui ayant échappé suite à sa mort toute récente. On ne peut pas blâmer les morts pour leur pet, si ?
Oh ! Elle ne semblait pas morte. À moins que ce ne soit une race spéciale dotée d'un estomac indépendant du reste du corps. Quel dommage de ne pas être gracié par la douce délivrance de la mort. Kio avait presque de l'empathie pour la dame. Pas assez pour arrêter de lui jeter des pierres, cependant.
« Hé la gourgandine, faut pas rester là, il y a plein de merde dans ces marais. Et je ne parle pas des corps qui éjectent leur dernier étron », dit-il en lui lançant ses dernières pierres. Devrait-il aller la chercher ? D'accord, il était curieux. Mais était-il assez curieux pour s'aventurer dans ces eaux nauséabondes ? De plus, il se souvenait encore de ce que son père lui avait appris sur les créatures qui rôdent dans les marais. L'idée de finir dans l'estomac d'une bête puante était peu ragoutante.
Elle n'avait pourtant pas l'air de vouloir sortir de là. Peut-être qu'elle était l'équivalent d'un cochon dans son monde. Ou peut-être qu'elle voulait juste mourir ? Il comprenait ce choix, mais de là à vouloir passer l'arme à gauche là-dedans. Elle devait vraiment être désespérée. La chance... Quelle bravoure d'ignorer les conditions extrêmes de sa propre mise à mort, elle en avait dans le slip en fait, cette petite.
Attendez ! Cela voudrait dire qu'elle allait se laisser mourir et que lui, il resterait vivant ? Alors là, non ! Et puis quoi encore ? Si quelqu'un méritait d'enfin y laisser sa peau, c'était bien lui ! Depuis le temps qu'il attendait. Elle n'allait pas lui voler ce plaisir. « Bon, où tu sors ou je te sors, mais il va falloir prendre une décision. » S'il le fallait, il irait mettre ses mains dans le cambouis, mais elle ne mourrait pas sans lui la cossarde.
Race : Démon
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Rin
Lun 22 Avr - 22:00
Rendez-vous en enfer
Une gourgandine ? Rin n’avait jamais entendu ce mot. Ça ressemblait à un nom de légume. Peut-être de la même espèce que les aubergines… Mais pourquoi appeler Rin une aubergine ? Était-ce une coutume d’appeler les gens par des noms d’aliments dans cet étrange endroit ? En plus de laisser leurs morts traîner dans l’eau, ils avaient des surnoms particuliers. Enfin, Rin n’était personne pour juger. Elle se plierait aux coutumes pour ne pas se faire remarquer.
Après un temps de préparation psychologique pour éviter de paniquer face à l’inconnu, Rin ouvrit un œil. Son regard tomba sur un garçon de physiquement 15 à 40 ans pour être précis, qui avait des cornes semblant sortir de son ciboulot. Voilà qui lui donna un regain d’énergie. Se relevant telle une poupée mécanique, elle se tenait toujours le popotin dans la boue mais le dos droit comme un i. Rin pointa un doigt métallique vers les cornes du garçon avant de dire :
« J’aime bien, ça. On peut en trouver où ? »
Oh ! Elle avait oublié d’être respectueuse dans son excitation de voir un accessoire de mode qui lui avait tapé dans l’oeil. Il fallait vite qu’elle se rattrape pour ne pas fâcher l’être en face d’elle et risquer qu’il refuse sa demande de cornes. Elle se dépêcha de rajouter :
Pour être confus, il était confus. L'étrangère était muette comme une carpe, dormait dans son petit marais nauséabond, et la première chose qui sortait de sa bouche n'avait aucun sens. C'était parfait ! L'ennui n'était officiellement plus de la partie, il avait trouvé son troubadour du jour !
Deux choses à dire sur cette dame : 1) Elle le prenait pour une fleur, ce qui était plutôt flatteur mais impertinent. Malheureusement, on pouvait deviner qu'il était un être vivant de type bipède à cause de son diaphragme qui insistait pour continuer le tourment ; 2) Elle avait des mains étranges. Peut-être était-elle un cyborg ? Ou peut-être descendait-elle d'une longue lignée de manchots ?
« Des cornes ? » Dit-il en souriant, c'était une bien drôle de dame. Il continua avec un petit sourire aux lèvres : « Tu peux en trouver sur la majorité des crânes de démon dans le coin, mais des aussi belles que les miennes, c'est plutôt rare. » Est-ce qu'il se vantait ? Non, bien sûr que non. L'évidence était là, en 200 ans, il n'avait jamais rencontré quelqu'un avec des cornes aussi uniques que les siennes. Si vous pensez qu'il y a une corrélation avec le fait qu'il n'ait pas souvent mis les pieds dehors en 200 ans, il rejette votre argument et son son cœur reste fermé.
Il prit un faux air de tristesse en posant sa main sur son cœur avant de lui dire : « Par contre, je ne suis pas une fleur, désolé de briser tes rêves. »
« Est-ce que tu tombes souvent du ciel comme ça ? » Demanda-t-il avec un air inquiet, bien qu'il ne le fût évidemment pas. Mais curieux, ça, il l'était. « Où bien m'étais tu destinée ?» Il jetait un pavé dans la mer. Au pire des cas, elle prendrait ça comme une tentative de drague foireuse.
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Mar 2 Avr - 21:16
